Aller au contenu

Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/267

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ritez… Il est impossible de se mieux entendre à donner une fête, impossible qu’il y règne à la fois plus d’ordre, plus de magnificence et de goût. Mais je vous quitte, il y a trop près de la magie à la séduction ; j’ai bien voulu me laisser enchanter, mais je ne veux pas me laisser séduire, et en prononçant ces mots, elle se laissait ramener par Ceilcour, qui dans l’obscurité la conduisit insensiblement vers un cabinet de jasmins, où il la pria de se reposer sur un banc qu’elle crut de gazon ; il se plaça près d’elle, une espèce de dais que la comtesse ne distingua point, les enveloppa tous deux aussitôt, de manière que notre héroïne ne voit plus, ni où elle est, ni le cabinet dans lequel elle s’imagine être entrée. Encore de la magie, dit-elle. — Blâmez-vous celle qui nous unit aussi intimement, celle qui nous cache aux yeux de l’univers, comme si nous fussions les seuls êtres qui habitassent le monde ? Moi, je ne blâme rien, dit la comtesse toute émue, je voudrais seulement que vous n’abusassiez