Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/224

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connais pas l’âme que tu désespères… Ernestine… fille trop aveuglée… non tu ne la connais pas cette âme, tu ne sais pas jusqu’où peuvent la conduire et ton mépris et tes dédains.

Il est facile de croire que ces dernières paroles alarmèrent Ernestine, elle les rapporta bien vîte au colonel, qui toujours plein de confiance en la probité du sénateur, fut loin d’y voir le sens dont Ernestine les interprêtait ; le crédule Sanders toujours ambitieux, revenait quelquefois au projet de préférer le comte à Herman ; mais sa fille lui rappelait sa parole ; l’honnête et franc colonel en était esclave, il cédait aux larmes d’Ernestine, et lui promettait de continuer à rappeler au sénateur les promesses qu’il leur avait faites à tous deux, ou de ramener sa fille à Nordkoping, s’il croyait démêler qu’Oxtiern n’eût pas envie d’être sincère.

Ce fut alors que l’un et l’autre de ces honnêtes gens, trop malheureusement trompés, reçurent des lettres de la Scholtz, dont ils s’étaient séparé le