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OXTIERN,


voyage ; souviens-toi que nous ne sommes pas au port, qu’il faut y arriver, et y arriver sûrement.

Derbac.

Je redoute plus que toi les écueils, et je ne vois pas encore cette affaire là comme finie.

Oxtiern.

Va, ne crains rien : (touchant son front) il y a là dedans plus de ruses qu’il n’en faudrait pour mettre l’Europe entière en combustion ; juges d’après cela si je dois être embarrassé, quand il ne s’agit que d’une intrigue.

Derbac, avec véhémence.

Ah ! mon cher Comte… adieu… puisque tu ne veux en moi, ni des reproches, ni des conseils, tu n’y verras peut-être pas long-tems un ami.

(Il sort.)




Scène IV.

Oxtiern, seul.

Tous ces gens-là me font pitié ; un rien les trouble et les refroidit ; je ne vois mon ame à aucun… Continuons de feindre avec Ernestine… Fille angélique… Il y a quelquefois des momens où ce que tu me fis éprouver vient suspendre mes résolutions… des momens où quand il faut que je trahisse, je ne pense plus qu’à t’adorer. Ah ! bannissons cette faiblesse ; Ernestine