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ACTE PREMIER.




Scène V.


ERNESTINE, AMÉLIE.
Amélie.

Cet état d’abattement m’inquiéte, Mademoiselle ; que je desirerais vous voir prendre un instant de repos !

Ernestine.

Du repos… moi, grand Dieu !… oh ! non, non, il n’en peut plus exister sur la terre, pour la malheureuse Ernestine !

Amélie.

Et quoi ! le barbare auteur de vos maux, ne peut-il donc les réparer ?

Ernestine.

D’aussi cruels outrages n’eurent jamais de réparation, Amélie… Par quelle insigne fourberie cet homme m’enleve à ma famille… à mon amant… à tout ce que j’ai de plus cher au monde ; et cet objet adoré de mon cœur, ce respectable Herman, sais-tu qu’il le fait gémir dans les fers ; une accusation mal fondée, des calomnies, des délateurs et des traîtres, voilà ce qui a perdu ce jeune infortuné ; l’or et les crimes d’Oxtiern ont tout conduit ; Herman est prisonnier… condamné peut-être ; et c’est sur les chaînes de cette idole de mon cœur, que le lâche Oxtiern vient d’immoler sa malheureuse victime.

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