Page:Sade - Philosophie dans le boudoir, Tome 2, 1795.djvu/136

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n’est-ce pas, je vous le demande, un abominable préjugé que celui qui paroît faire un crime à un homme d’estimer plus pour sa jouissance, l’objet dont les sentimens de la nature le raproche davantage, il vaudroit autant dire qu’il nous est défendu d’aimer trop les individus que la nature nous enjoint d’aimer le mieux, et que plus elle nous donne de penchant pour un objet, plus elle nous ordonne en même-tems de nous en éloigner ; ces contrariétés sont absurdes ; il n’y a que des peuples abrutis par la superstition, qui puissent les croire ou les adopter ; la communauté des femmes que j’établis, entraînant nécessairement l’inceste, il reste peu de chose à dire sur un prétendu délit dont la nullité est trop démontrée pour s’y appesantir davantage, et nous allons passer au viol, qui semble être au premier coup d’œil de tous les écarts du libertinage, celui dont la lésion est la mieux établie, en raison de l’outrage qu’il paroît faire. Il est pourtant certain que le viol, action si rare et si difficile à prouver, fait moins de tort au prochain que le vol, puisque celui-ci envahit la propriété que l’autre se contente de détériorer ; qu’aurez-vous d’ailleurs à objecter au violateur, s’il vous répond qu’au fait le mal qu’il a commis, est bien mé-