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courage et de la force, et qu’il servoit à chasser les tyrans ; les conspirations se formoient entre les amans, et ils se laissaient plutôt torturer, que de révéler leurs complices ; le patriotisme sacrifioit ainsi tout à la prospérité de l’état, on étoit certain que ces liaisons affermissoient la république, on déclamoit contre les femmes, et c’étoit une foiblesse réservée au despotisme, que de s’attacher à de telles créatures. Toujours la pédérastie fut le vice des peuples guerriers ; César nous apprend que les Gaulois y étoient extraordinairement adonnés ; les guerres qu’avoient à soutenir les républiques en séparant les deux sexes, propagèrent ce vice, et quand on y reconnut des suites si utiles à l’état, la religion le consacra bientôt ; ou sait que les Romains sanctifièrent les amours de Jupiter et de Ganimède ; Sextus Empiricus nous assure que cette fantaisie étoit ordonnée chez les Perses ; enfin les femmes, jalouses et méprisées, offrirent à leurs maris de leur rendre le même service qu’ils recevoient des jeunes garçons, quelques-uns l’essayèrent, et revinrent à leurs anciennes habitudes, ne trouvant pas l’illusion possible. Les Turcs, fort enclins à cette dépravation que Mahomet consacra dans son Alcoran, assurent