toujours eux qu’il faut consulter, quand en veut
connoître la nature. Ô pères ! soyez donc bien
en repos sur les prétendues injustices que vos
passions ou vos intérêts vous conduisent à faire
à ces êtres nuls pour vous, auxquels quelques
gouttes de votre sperme ont donné le jour ; vous
ne leur devez rien, vous êtes au monde pour
vous et non pour eux, vous seriez bien fous de
vous gêner, ne vous occupez que de vous, ce
n’est que pour vous que vous devez vivre ; et
vous, enfans, bien plus dégagés, s’il se peut
encore, de cette piété filiale dont la base est
une vraie chimère, persuadez-vous de même que
vous ne devez rien non plus à ces individus dont
le sang vous a mis au jour. Pitié, reconnoissance,
amour, aucuns de ces sentimens ne leur
est dû, ceux qui vous ont donné l’être n’ont pas
un seul titre pour les exiger de vous, ils ne travailloient
que pour eux, qu’ils s’arrangent ; mais
la plus grande de toutes les duperies, seroit de
leur donner ou des soins ou des secours que vous
ne leur devez sous aucuns rapports, rien ne vous
en prescrit la loi ; et si par hasard vous vous
imaginiez en démêler l’organe ; soit dans les
inspirations de l’usage, soit dans celles des effets
moraux du caractère, étouffez sans remords des
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