giquement que chez nous. Elle est chez les sauvages
bien plus rapprochée de la nature que
chez l’homme civilisé ; il serait donc absurde
d’établir qu’elle fût une suite de la dépravation ;
ce systême est faux, je le répète, la cruauté
est dans la nature, nous naissons tous avec
une dose de cruauté que la seule éducation
modifie ; mais l’éducation n’est pas dans la
nature, elle nuit autant aux effets sacrés de
la nature que la culture nuit aux arbres.
Comparez dans vos vergers l’arbre abandonné
aux soins de la nature, avec celui que votre
art soigne en le contraignant, et vous verrez
lequel est le plus beau, vous éprouverez lequel
vous donnera de meilleurs fruits ; la
cruauté n’est autre chose que l’énergie de
l’homme que la civilisation n’a point encore
corrompue, elle est donc une vertu et non
pas un vice ; retranchez vos loix, vos punitions,
vos usages, et la cruauté n’aura plus
d’effets dangereux, puisqu’elle n’agira jamais
sans pouvoir être aussitôt repoussée par les
mêmes voies ; c’est dans l’état de civilisation
qu’elle est dangereuse, parce que l’être lésé
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