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de cela, de séduire les Argus dont elle est entourée, qu’elle les supplie de la prostituer, et leur promettant tout l’argent qu’ils pourront retirer de sa vente, ou ces Argus par eux-mêmes, ou des femmes qu’ils trouveront, et qu’on nomme Maquerelles, rempliront bientôt les vues de la jeune fille ; qu’elle jette alors de la poudre aux yeux de tout ce qui l’entoure, frères, cousins, amis, parens, qu’elle se livre à tous, si cela est nécessaire pour cacher sa conduite ; qu’elle fasse même, si cela est exigé, le sacrifice de ses goûts et de ses affections ; une intrigue qui lui aura déplu, et dans laquelle elle ne se sera livrée que par politique, la mènera bientôt dans une plus agréable, et la voilà lancée.

Mais qu’elle ne revienne plus sur les préjugés de son enfance, menaces, exhortations, devoirs, vertus, religion, conseils, qu’elle foule tout aux pieds, qu’elle rejette et méprise opiniâtrement tout ce qui ne tend qu’à la renchaîner, tout ce qui ne vise point, en un mot, à la livrer au sein de l’impudicité.