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Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/106

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que de ce bled d’Inde boüilly en eau, cela sert de boisson et de mangeaille, et nous 99|| nous trouuions fort-bien de ne point manger de sel, aussi estions-nous pres de trois cens lieuës loin de toute eau salée, de laquelle eussions pu esperer du sel. Et à mon retour en Canada, ie me trouuois mal au commencement d’en manger, pour l’avoir discontinué trop long temps ; ce qui me faict croire que le sel n’est pas necessaire à la conseruation de la vie, ny a la santé de l’homme.

Nostre pauure Cabane pouuoit auoir enuiron vingt pieds de longueur, et dix ou douze de large, faicte en forme d’vn berceau de jardin, couuerte d’escorce par tout, excepté au faiste, où on auoit laissé vne fente et ouuerture exprez pour sortir la fumée : estant ainsi acheuée de nous-mesmes au mieux qu’il nous fut possible, et auec quelques haches que nous auions apportées, nous fismes vne cloison de pieces de bois, separant nostre Cabane en deux : du costé de la porte estoit le lieu où nous faisions nostre mesnage, et prenions nostre repos, et la chambre interieure nous seruoit de Chapelle, car nous y auions dressé vn Autel pour dire la saincte Messe, et y serrions encore nos ornemens et autres petites commoditez, et 100|| de peur de la main larronnesse des Sauuages nous tenions la petite porte d’escorce, qui estoit à la cloison, fermée et attachée auec vne cordelette. À l’entour de nostre petit logis nous accommodasmes vn petit jardin, fermé d’vne petite palissade, pour en oster le libre accez aux petits enfants Sauuages, qui ne cherchent qu’à mal faire pour la plus-part : les pois, herbes, et autres petites choses que nous auions