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Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/204

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quois, ny des es-238||prits malins, et que ie voulois demeurer seul la nuict dans nostre Cabane, en silence, prieres et oraisons. Il me repliquoit : Mon Nepueu, ie ne parleray point, et prieray Iesvs auec toy, laisse-moy seulement en ta compagnie pour cette nuict, car tu nous es cher, et crains qu’il ne t’arriue du mal, ou en effect, ou d’apprehension. Ie le remerciois derechef, et le renuoyois au bourg, et moy ie demeurois seul en paix et tranquillité.

Nous baptizasmes vne femme malade en nostre bourg, qui ressentit et tesmoigna sensiblement de grands effects du sainct Baptesme : il y auoit plusieurs iours qu’elle n’auoit mangé, estant baptizée aussi tost l’appétit luy reuint, comme en pleine santé, par l’espace de plusieurs iours, apres lesquels elle rendit son ame à Dieu, comme pieusement nous pouuons croire ; elle repetoit souuent à son mary, que lors qu’on la baptisoit, qu’elle ressentoit en son ame vne si douce et suaue consolation, qu’elle ne pouuoit s’empescher d’auoir continuellement les yeux esleuez au Ciel, et eust bien voulu qu’on eust peu lui reiterer encore vne autre fois le sainct Baptesme, pour pouuoir ressentir derechef cette 239 || consolation interieure, et la grande grace et faueur que ce Sacrement luy auoit communiquée. Son mary, nommé Ongyata, tres-content et ioyeux, nous en a tousiours esté du depuis fort affectionné, et desiroit encore estre faict Chrestien, auec beaucoup d’autres ; mais il falloit encore vn peu temporiser, et attendre qu’ils fussent mieux fondez en la cognoissance et croyance d’vn Iesus-Christ crucifié pour nous, et à vne vraye resignation, renonciation, abandonnement et mespris de toutes leurs