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Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/206

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tance demanda le sainct Baptesme ; mais à mesme 241 temps qu’il eut consenty et résolu de se 241|| faire baptizer, le Diable commença de le tourmenter, et s’apparoistre à luy en diuerses rencontres : de sorte qu’il le pensa vne fois estouffer, si par prieres à Dieu, Reliquaires, et par eau beniste on ne luy eust bridé son pouuoir : et comme on luy iettoit de cet’ eau, ce pauure petit garçon voyoit ce malin esprit s’enfuyr d’vn autre costé et monstroit à nos Peres l’endroict et le lieu où il estoit, et disoit asseurement que ce malin auoit bien peur de cet’ eau : tant y a, que depuis le iour de Pasques, que le Diable l’assaillit pour la premiere fois, iusques à la Pentecoste qu’il fut baptizé, ce pauure petit Sauuage fut en continuelle peine et apprehension, et auec larmes supplioit tousiours nos Peres de le vouloir baptizer, et le faire quitte de ce meschant ennemy, duquel il receuoit tant d’ennuys et d’effrois.

Le iour de son Baptesme, nos Religieux firent vn festin à tous les parens du petit garçon de quantité de pois, de prunes, et de quelqu’autre menestre, boüillies et cuites ensemble dans vne grande chaudière. Et comme le Pere Joseph leur eut faict vne harangue sur la cérémonie, vertu et necessité du sainct Baptesme, il 242|| arriva à quelques iours de là, qu’vn d’eux venant à tomber malade, il eut si peur de mourir sans estre baptizé, qu’il le demanda maintes-fois, et auec tres-grande instance : si que se voyant pressé du mal, il disoit que s’il n’estoit baptizé, qu’il en imputeroit la faute à ceux qui luy refusoient, tellement qu’vn de nos Religieux, nommé Frère Geruais, auec l’aduis de tous les François qui se trouuerent là presens, luy conféra le sainct Baptesme, et le