Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/225

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part aussitost de Quieuindohain, d’où il estoit, pour l’aller querir, et assisté de ce Sauuage qui l’auoit en garde, l’apporterent sur leur dos iusques dans sa Cabane, où enfin il mourut, après auoir esté confessé par le Pere loseph, et fut enterré en vn lieu particulier le plus honorablement, et auec le plus de ceremonies268||Ecclesiastiques qu’il nous fut possible, dequoy les Sauuages restèrent fort edifiez, et assisterent eux mesmes au conuoy avec nos François, qui s’y estoient trouués auec leurs armes. Les femmes et filles ne manquerent pas non plus en leurs pleurs accoustumez, suyuant l’ordonnance du Capitaine, et du Medecin ou Magicien des malades, lequel neantmoins on ne souffrit point approcher de ce pauure garçon pour faire ses inuentions et follies ordinaires : bien n’eust-on pas refusé quelque bon remede naturel, s’il en eust eu de propre à la maladie.

Je me suis informé d’eux, des principales plantes et racines desquelles ils se seruent pour guerir leurs maladies ; mais entre toutes les autres ils font estat de celle appelée Oscar, qui faict merueille contre toutes sortes de playes, vlceres, et autres incommoditez. Ils en ont aussi d’autres très-venimeuses, qu’ils appellent Ondachiera, c’est pourquoy qu’il s’en faut donner garde, et ne se point hazarder d’y manger d’aucune sorte de racine, que l’on ne les cognoisse, et qu’on ne sçache leurs effects et leurs vertus, de peur des accidents inopinez.

269||Nous eusmes vn iour vne grande apprehension d’vn François, qui pour en auoir mangé d’vne, deuint tout en vn instant grandement malade, et pasle comme la mort, il fut neantmoins guery par des vo-