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Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/41

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egalité de iustice (à son aduis) en l’economie du monde, puis que par tout il auoit trouué le fol commander au sage, le superbe à l’humble, le querelleux au pacifique, l’impie au deuot. Et ce qui luy touchoit le plus le cœur, c’est qu’il n’auoit point trouué l’immortalité en terre.

3|| Pour moy, qui ne fus iamais d’vne si enragée enuie d’apprendre en voyageant, puis que nourry en l’escole du Fils de Dieu, sous la discipline reguliere de l’Ordre Seraphique sainct François, où l’on apprend la science solide des Saincts, et hors celle-là tout ce qu’on peut apprendre n’est qu’vn vain amusement d’vn esprit curieux, i’ay voulu faire part au public de ce que i’auois veu en vn voyage de la Nouuelle France, que l’obeyssance de mes Superieurs m’auoit fait entreprendre, pour secourir nos Peres qui y estoient desia, pour tascher à y porter le flambeau de la cognoissance du Fils de Dieu, et en chasser les ténèbres de la barbarie et infidelité, suyuant le commandement que nostre Dieu nous auoit faict en la personne de ses Apostres, afin que, comme nos Peres de nostre Seraphique Ordre de sainct François, auoient les premiers porté l’Euangile dans les Indes Orientales et Occidentales, et arboré l’estendart de nostre redemption és peuples qui n’en auoient iamais ouy parler, ny eu cognoissance, à leur imitation nous y portassions nostre zele et deuotion, afin de faire la mesme conqueste, et eriger les mesmes trophées 4|| de nostre salut, où le Diable auoit demeuré paisible iusqu’à present.

Ce ne sera pas à l’imitation d’Appollonius, pour y polir mon esprit, et en deuenir plus sage, que ie visiteray ces larges prouinces, où la barbarie et la bruta-