Page:Saint-Amand - Madagascar, 1857.djvu/11

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Chaque jour voit grandir la jeune colonie
Et s’étendre le cercle ouvert à son génie ;
Sous l’aile de la paix abritant son essor,
Chaque jour elle tente un triomphant effort,
Et, poussant vers le sud des savants militaires,
De l’Afrique centrale explorent les mystères.

Oh ! certes pour la France Alger est un joyau,
De sa couronne d’or le fleuron le plus beau ;
Mais les temps ne sont plus où la tribune même
Contre notre marine a lancé l’anathème,
Où l’on disait tout haut : La France est un géant
Qu’il faut tenir cloué sur le vieux continent ;
Murés chez nous, souffrons que le Breton promène
Sur tous les océans sa licorne hautaine.
Aujourd’hui, grâce à Dieu, des plus simples esprits
Les intérêts français sont un peu mieux compris ;
Chez le moindre commis, l’apprenti diplomate,
Le bon sens maritime à la fin s’acclimate.
On commence à marcher dans un vaste sillon ;
On couvre enfin les mers de notre pavillon.
Chez les plus ignorants ce principe se fonde :
Le trident de Neptune est le sceptre du monde.

Les États ont besoin de larges débouchés.
Il faut que leurs vaisseaux sur de lointains marchés
Transportent dans leurs flancs tout ce que l’industrie
A créé de chefs-d’œuvre en la mère patrie,
Ces merveilles que l’art enfante par milliers ;
Par des nœuds mutuels les hommes sont liés.
Nul sol ne se suffit, tout peuple vit d’échange,
La fève de Moka, les épices du Gange,