Page:Saint-Amand - Madagascar, 1857.djvu/13

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Et qui pourra compter de plus nombreux vaisseaux,
Abattra sous ses pieds tous les peuples vassaux.

Jadis, on s’en souvient, la France triomphale
Faisait sous tous les cieux reculer sa rivale.
Son large pavillon, brodé de fleurs de lis,
Relevé par Colbert, abritait sous ses plis
D’innombrables vaisseaux, aux puissantes carènes,
Qui promenaient au loin leurs immenses antennes
Et, vainqueurs, rapportaient pour encombrer ses ports,
Des richesses sans prix, de fabuleux trésors.
Dans ses jours fortunés son génie héroïque
S’était inféodé l’une et l’autre Amérique.
Son orteil souverain pesait sur l’Indoustan ;
Rien ne semblait alors comprimer son élan.
Les temps changent, hélas ! d’inhabiles ministres
Entr’ouvrent sous ses pas l’abime des sinistres.
D’un colosse si grand de gloire et de bonheur,
Il ne reste plus rien ; vaisseaux, commerce, honneur,
Tout s’éteint, tout périt ; on cherche en vain la trace
De ces hommes de fer, de cette forte race,
Intrépides colons, esprits aventureux,
Qui créaient une France, au loin, sous d’autres cieux.
Et malgré les exploits de ses vaillants corsaires,
De tant de régions, de provinces si chères,
Quelques rares îlots, du naufrage sauvés,
Sur l’espace des mers lui restent conservés.
Aujourd’hui que son nom sur l’Europe guerrière
Plane victorieux dans sa splendeur première,
Qui pourrait l’empêcher de recouvrir les flots
D’un peuple de soldats, de vaillants matelots,
D’élargir chaque jour une aire plus profonde,
De reprendre son rang à la tête du monde ?