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Page:Saint-Amand - Madagascar, 1857.djvu/14

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Car son glaive, semblable au glaive du Gaulois,
Fait pencher la balance où se pèsent les rois.

Pour nous doter encor d’une forte marine,
Alger ne suffit pas ; sa côte trop voisine
Ne peut qu’alimenter des caboteurs chétifs,
Voguant de cap en cap et longeant les récifs.
Pour former des marins dont la rude vaillance
À l’heure du péril se double de science,
D’héroïques flambards, sublimes loups de mer,
Émules des Surcouf, des Jean-Bart, des Ruyter,
Il faut un autre champ, il faut une autre école,
Il faut battre les flots de l’un à l’autre pôle,
Braver les ouragans, affronter les typhons,
S’exposer mille fois sur les gouffres profonds,
De tous les éléments pratiquer l’inconstance,
Faire avec le trépas une ample connaissance.
À ce prix seulement l’Anglais, l’Américain
Peuvent des nations régenter le destin.
Dans son bassin étroit la Méditérannée,
Si la France prétend y rester confinée,
Ne peut la rétablir à son rang mérité ;
Il faut à son essor l’espace illimité.


II.


France, pour ressaisir ton sceptre maritime,
Pour remonter encore à ce faîte sublime
D’où ton œil embrassait tous les points du compas,
Vers l’étoile du Sud ose porter tes pas.
Il est, il est ici, pour tenter ton génie,
Une large contrée, une plage infinie.