Page:Saint-Amand - Madagascar, 1857.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

La nature elle-même échancra ses contours
De ports vastes, profonds, de hâvres qui toujours
À tes vaisseaux marchands, à tes flottes de guerre
Offriront un asile, un abri tutélaire,
Le refuge assuré qui leur manque aujourd’hui
D’Aden à Sumatra, du Cap à Gardafui.
Son généreux terroir sans peine voit éclore
Tous les fruits parfumés dont l’Inde se décore,
La canne, le coton, et le riz précieux,
Froment pour les humains qui vivent sous nos cieux.
D’innombrables troupeaux, errant à l’aventure,
À ses fertiles champs demandent leur pâture ;
Des poissons succulents, dans leur tendre fraîcheur,
Sollicitent partout la ligne du pêcheur.
Au creux de ses vallons, au flanc de ses montagnes,
Dans l’espace étendu de ses vertes campagnes,
Des fauves, des oiseaux, qu’on découvre à foison
Promettent au chasseur une riche moisson.
Eden resplendissant, fabuleuse Bétique,
Paradis animé par les feux du tropique,
Que les rhapsodes grecs, chantres de l’âge d’or,
Nous auraient dans leurs vers vanté comme un trésor,
Sur laquelle ils auraient, de fraîche poésie,
À larges flots versé leur céleste ambroisie,
Si les navigateurs de Sidon ou de Tyr
Avaient touché sa plage en voguant vers Ophir,
S’ils avaient raconté, revenant de leurs courses,
La beauté de ses fruits, la fraîcheur de ses sources,
Les dons qu’à pleines mains, sur ces rives perdus,
La prodigue nature a partout répandus.

Ô sol deux fois heureux ! pour nourrir tout un monde,
Elle n’a qu’à presser sa mamelle féconde.