Page:Saint-Amand - Madagascar, 1857.djvu/16

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Au sein de ses forêts la main des bûcherons
Abattra des géants, vieux arbres dont les troncs,
Bien mieux que les sapins de la Scandinavie,
À tes vaisseaux usés redonneront la vie.
Dans ses flancs entr’ouverts, le fer, roi des métaux,
Le plomb moins précieux, les plus brillants cristaux,
Au mineur patient s’offriront dans les fouilles.
Là son pic brisera des bitumes, des houilles,
Nécessaire aliment de nos jeunes steamers,
Et qu’il faut à grands frais voiturer sur les mers.
Peut-être — qui le sait ? — de cette île bénie,
Comme des monts rocheux de la Californie,
L’or même jaillira quelque jour, à l’écart,
Trouvé par le génie ou la main du hasard.

Quel trésor ! et pourtant ta timide prudence
L’a contemplé long-temps avec indifférence ;
Personne de tes chefs semblait n’avoir compris
De cet Eldorado l’inestimable prix.
L’orgueilleuse Cuba, la perle des Espagnes,
Ni Java, fière encor de ses riches campagnes,
Ni cette île géante où s’élève Sidney,
Pays conquis à peine, empire déjà né,
Immenses réservoirs de grandes métropoles,
Atlas commerciaux portant sur leurs épaules
Un monde de marchands, un monde de marins,
Ne pourront espérer, en se ceignant les reins,
Lutter contre tes arts, ta féconde industrie,
Si tu voulais enfin, ô France, ô ma patrie,
Sur l’île Madécasse arborer ton drapeau
Et soumettre à tes lois ce royaume si beau.