Page:Saint-Amand - Madagascar, 1857.djvu/19

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T’enchaîner sur ton sol de son nec plus ultra.
Qu’un Guizot l’ait souffert, on conçoit, c’était là
Pour l’ami de Pritchard, ministre à courte vue,
Une ligne tracée, une chance prévue.
Pour asseoir sur le roc un pouvoir escroqué,
Un trône impopulaire aux balles indiqué,
Pour le faire accepter, ce roi de contrebande,
Du Russe, de l’Anglais, de la race allemande,
Il fallait s’aplatir et toujours s’aplatir,
Baisser, baisser toujours la tête, consentir
À boire le calice amer jusqu’à la lie,
À n’être que le chef d’une race avilie.
Politique profond, calculateur fameux,
Qui croyait que le sceptre à ses derniers neveux
Passerait ; quel échec ! Il suffit d’un orage
Pour briser, emporter un monarque si sage…

En avant ! ne crains pas que ce pays, vingt ans,
S’abreuve, comme Alger, du sang de tes enfants.
Ne crains pas que jamais de ton sein il s’élève
Un autre Abd-el-Kader qui t’oppose son glaive ;
Qui, vaincu mille fois, mais toujours indompté,
Du fond de ses déserts soudain précipité,
Harcèle tes convois, te barre les passages,
Tantôt au bord des lacs, tantôt près des nuages,
S’embusque aux ravins creux, te fusille de loin,
Et te guette partout la carabine au poing.
Là ne surgira pas cette implacable haine
Des fils de Mahomet contre la foi chrétienne,
Ce fanatique esprit qui leur montre les cieux
Dans une lutte à mort contre un joug odieux ;
Tu ne trouveras pas dans la race indigène
Cet imposant faisceau, cette masse homogène,