Page:Saint-Amant - 1907.djvu/239

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moïse SAUVlî

Et de ses antres saints le sentier me permets, Daigne me laisser boire en Timmortelle source Qui de ses beaux rochers prend à regret sa course, Et fais qu’en cet endroit ce rafraîchissement Soit de ma vive ardeur le vif accroissement. J’ai chanté de Terrauth la demeure et la vie ; Faisons-la promener : le temps nous y convie. Moïse nous rappelle, et le flambeau du jour A déjà fait sur lui la plupart de son tour.

Sitôt que la princesse eut vu l’heure arrivée Que pour jouir des champs elle avait réservée, De son intention son monde elle avertit. Et par un beau jardin de ce beau lieu sortit. Une démarche auguste, une pompe modeste, Ornait sa majesté d’un certain air céleste ; L’habit en était grave, et l’obscure couleur En disait clairement la secrète douleur. Mais, malgré les efforts de la mélancolie Où son âme royale était ensevelie. Malgré ses tristes soins, elle ne laissait pas De ravir tous les cœurs avec ses doux appas. Cent visages divins brillaient à l’entour d’elle. Cent vierges aux beaux yeux, qui, suivant ce modèle De sagesse, d’honneur, de grâce et de vertu, Se détournaient du vice à leurs pieds abattu. Maint eunuque ridé, sous mainte halebarde. Servait à cette troupe et de lustre et de garde. Et maint esclave noir, pourvu d’arc et de traits,