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Page:Saint-Amant - 1907.djvu/241

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moïse sauvé 2k5

Dont est, selon le bruit, un lutin amoureux, Qui d’un soin assidu toutes les nuits le panse, Oui lui tresse le crin, de riches nœuds l’agence, Et, fantasque et jaloux, ne voudrait pas souffrir Qu’à ce travail aimé nul homme vînt s’offrir ; L’autre charge le col d’un dromadaire énorme ; L’autre d’une girafe, en un * belle et difforme, Presse le dos de tigre, et l’autre, en s’échauffant, Irrite la lenteur d’un robuste éléphant.

Une branche du Nil, avec art ménagée Et d’arbres immortels en tout temps ombragée. Isole une prairie où les plus rares fleurs. Faisant briller l’émail des plus vives couleurs, Présentent aux regards sur la beauté de l’herbe Tout ce qu’ont nos jardins d’exquis et de superbe. Et semblent chaque soir se dérober aux yeux Afin d’aller reluire entre celles des cieux. Ce prodige éclatant, venu d’obscure race. Cet honneur des bouquets, qui seul change de face Parmi tous les trésoi\s qu’on voit s’épanouir, Et dont le teint divers peut l’air même éblouir, La tulipe sans prix, bizarre et merveilleuse, Y faisait admirer sa richesse orgueilleuse. La gentille anémone au lustre diapré, Où d’un sang pur et doux le lait est empourpré. Et l’œillef, et la rose, y montraient leur peinture Par la profusion de la seule nature ; Et de mille autres fleurs les charmes innocents