Aller au contenu

Page:Saint-Amant - 1907.djvu/247

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

moïse S\I]VE

^19

Qu’elle entendit sa voix, qu’elle aperçut ses larmes,

Une vive, une triste et prompte émotion.

Faite d’étonnement et de compassion.

Tira de ses beaux yeux deux torrents pitoyable. ; ,

Fit dans son chaste sein des effets incroyables,

Et ce premier effort, suivi d’un doux progrès.

Disposa sa noble âme à lâcher ses regrets :

« Sans doute cette aimable et tendre créature,

Ce trésor qui sur l’onde errait à l’aventure,

Eprouve l’âpreté du trop cruel édit.

Son geste me le montre et son œil me le dit.

Quelque femme d’Hébreu, quelque chétive mère.

N’ayant pas le courage, en sa douleur amère,

De le meurtrir de coups, de l’éteindre au berceau.

Aura mis tout son bien dans ce frêle vaisseau ;

Et peut-être qu’à l’heure, horriblement touchée

De s’être ainsi soi-même à soi-même arrachée,

La pauvre malheureuse, après lui se jetant,

Aura fait voir l’excès d’un crime repentant.

Mais, qu’elle soit ou non au rang des ombres vaines

Qui ressentent là-bas des plaisirs ou des peines.

Je veux que cet enfant trouve une mère en moi.

Qu’il se voie élever en digne fils de roi,

Et qu’une adoption licite et vertueuse

Console désormais ma couche infructueuse.

Un saint destin me l’offre, et c’est un don du Ciel

Qui de mes longs ennuis adoucira le fiel.

Voilà l’heureux succès de l’étrange et beau songe