Page:Saint-Amant - 1907.djvu/248

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SAINT-AMAMT

Queje pris l’autre jour pour quelque vain mensonge ; Voilà le diamant qu’un favorable sort Me fit dans le sommeil rencontrer sur ce bord, Et que par un miracle et prorapt et fantastique, Sitôt que de ces lieux le démon aquatique Vint, selon ma croyance, en enrichir ma main, Mon œil vit transformer en un vrai corps humain, Qui gardait toutefois sa nature première, En deux vivants trésors d’amour et de lumière. En deux astres divins, tels que ceux de ce front Par qui le soleil même endure un clair affront rare et bel enfant ! ô céleste visage Où luit de la grandeur l’infaillible présage ! O gloire de mon âme ! ô plaisir de mes yeux ! bien que de là-haut m’ont envoyé les dieux ! Les flots t’ont épargné : leurs monstres effroyables Sont à l’entour de toi devenus pitoyables ; Et moi, plus monstre qu’eux, sous ombre d’un décret Qu’avec juste raison je déteste en secret, Je voudrai que sur terre, à ma rude parole. En ma fîcre présence un barbare t’immole ! J’accourcirai moi-même un si noble destin, Et te ferai trouver ton soir dans ton matin î Ah ! m’arrive plutôt la nuit perpétuelle Qu’à ton beau jour naissant ma main soit si cruelle ! Puissé-je plutôt voir tout le monde au trépas Que d’éteindre ta vie et perdre tant d’appas ! » Ainsi parlait la nymphe, et montrait en sa plainte