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Page:Saint-Amant - 1907.djvu/249

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Combien de la pitié son âme était atteinte,
Tandis qu’aux environs, pour redonner vigueur
A l’enfant qu’à ses cris on jugeait en langueur,
D’un sein pourvu de lait on s’était mis en quête,
Comme si la mort même eût pendu sur sa tête…
L’une porte en ses bras le saint et cher enfant.
L’autre charge les siens du berceau triomphant…
Quand tout fut accompli, les heures ténébreuses
Ornaient le firmament de lumières nombreuses :
On découvrait la lune, et de feux animés
Et les champs et les airs étaient déjà semés.
Ces miracles volants, ces astres de la terre,
Qui de leurs rayons d’or font aux ombres la guerre,
Ces trésors où reluit la divine splendeur
Faisaient déjà briller leur flammes sans ardeur ;
Et déjà quelques-uns, en guise d’escarboucles.
Du beau poil de Marie avaient paré les boucles :
Déjà les rossignols chantaient sur les buissons ;
On oyait dans le Nil retomber les poissons ;
Le silence paisible et l’horreur solitaire
Contraignaient doucement les hommes à se taire.
Taisons-nous donc, ô Muse ! et jurons en ce lieu
De ne parler jamais qu’à la gloire de Dieu.