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Page:Saint-Amant - 1907.djvu/272

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2 ’14 SAINT- AMANT

de divin, il y aurait eu plus de justice que de pré- somption à le faire.

J’y ai mêlé des épisodes pour remplir la scène, s’il faut ainsi dire ; et sans m’arrêter tout à fait aux règles des anciens, que je révère toutefois et que je n’ignore pas, m’en faisant de toutes nouvelles à moi-même, à cause de la nouveauté de l’invention, j’ai jugé que la seule raison me serait une autorité assez puissante pour les soutenir ; car, en effet, pourvu qu’une chose soit judicieuse, et qu’elle con- vienne aux personnes, aux lieux et aux temps, qu’importe qu’Aristote l’ait ou ne l’ait pas approuvée ? Il s’est découvert des étoiles en ces derniers siècles qui lui auraient fait dire d’autres choses qu’il n’a dites, s’il les avait vues ; et la philosophie de nos modernes ne demeure pas toujours d’accord avec la sienne de tous ses principes et de toutes ses défi- nitions…

Gomme chaque science, chaque profession, et chaque art ont de certains mots affectés dont ils se servent particulièrement, de même la poésie a-t-elle les siens, dont elle se peut servir quand bon lui semble, sans qu’on l’en puisse reprendre avec jus- tice. J’insérerai parmi ceux-là quelques mots ou nouveaux ou vieux, que le seul privilège héroïque a droit d’admettre et que je ne crois pas avoir mal employés en quelques rencontres, entre autres le mot maint, qui est très commode, étant tout ensemble