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Page:Saint-Amant - 1907.djvu/300

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l’Ji SAINT-AMANT

III

ANECDOTES

La Reine devint grosse. Saint- Amant (i), qui l’avait suivie, fit de méchants vers sur sa grossesse. En arri- vant en Pologne, elle lui donna de bons appointements et la qualité de conseiller d’état de la Reine : elle l’en- voya ensuite à Stockholm, pour assister de sa part au couronnement de la reine de Suède. J’ai ouï dire qu’il y réussit assez mal. Il a du génie, mais point de jugement ; il ne sait rien et n’a jamais étudié ; au reste, fier à un point étrange, qui se loue jusqu’à faire mal au cœur. « Fermez, disait-il une fois ; qu’on ne laisse entrer per- « sonne ; point de valets (c’était à table), j’ai assez de « peine à réciter pour les maîtres. » Une fois, il dînait chez Chapelain. Je suis tout édifié d’avoir trouvé que Chapelain ait au moins une fois en sa vie donné à man- ger à quelqu’un. Esprit, de l’Académie, y était, qui dit : « Que voilà qui est joli I — Nargue de votre joli I » reprit Saint- Amant. 11 pensa s’en aller, tant il était en colère.

Il dit insolemment un jour qu’il avait cinquante ans de liberté sur la tête, et cela à la table du coadjuteur, qui

(1) Il s’appelle Girard, il est "de Rouen ; apparemment cette seigneurie de Saint-Amante vient de ce qu’il est né dans le voisi- nage de l’abbaye de Saint-Amant de Rouen. C’est peu de chose que sa naissance ; il était huguenot. (T.)