Page:Saint-Amant - 1907.djvu/31

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sans que nous sachions la cause de notre ravissement : et c’est par là que ces grands hommes qui ont mérité les titres de divins et de sacrés sont montés à cette gloire immortelle qui refleurit en tous les siècles. Il ne faut voir que les vers de monsieur de Saint-Amant pour connaître qu’il a pris dans le ciel plus subtilement que Prométhée ce feu divin qui brille dans ses ouvrages. Néanmoins, cette ardeur d’esprit et cette impétuosité de génie qui surprennent nos entendements et qui entraînent tout le monde après elles ne sont jamais si déréglées qu’il n’en soit toujours le maître. Son jugement et son imagination font un si juste tempérament, et sont d’une si parfaite intelligence, que l’un n’entreprend rien sans le secours de l’autre. Aussi sont-ce deux parties dont l’union est tellement nécessaire que, quand l’une des deux vient à manquer, ce n’est plus ou que stérilité ou que confusion. En effet, l’on voit ordinairement que ces esprits violents, de qui les secondes pensées n’ont jamais corrigé les premières, ressemblent à ces torrents qui se précipitent pour ne faire que du mal ; mais ceux qui, produisant beaucoup, font régner l’ordre au milieu