Page:Saint-Amant - 1907.djvu/50

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Quand au premier logis flottant
Le genre humain eut son refuge,
Je feins un portrait à mes yeux
Du bon Noé chéri des cieux,
Pleurant pour les péchés du monde,
Et m’étonne, à voir tout périr,
Qu’enfin, au lieu d’accroître l’onde,
Des larmes la firent tarir.

Puis, voyant passer devant moi
Une colombe à tire-d’aile,
Aussi tôt je me ramentoy*
L’autre qui lui fut si fidèle ;
J’estime que le saint Esprit
Dès lors cette figure prit
Pour rassurer sa foi craintive,
Et qu’entre cent arbres épais
Il choisit le rameau d’olive,
Pour lui-même annoncer la paix.

Tantôt, faisant agir mes sens
Sur des sujets de moindre étoffe,
De marche en autre je descends
Dans les termes du philosophe ;
Nature n’a point de secret
Que d’un soin libre, mais discret,
Ma curiosité ne sonde ;
Ses cabinets me sont ouverts,