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Page:Saint-Amant - 1907.djvu/55

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D’avoir en un si petit corps
Fait une si grande merveille !
O feu qui, toujours allumé,
Brûles sans être consumé !
Belle escarboucle qui chemines,
Ton éclat me plaît beaucoup mieux
Que celui qu’on tire des mines,
Afin d’ensorceler nos yeux !

Tantôt, saisi de quelque horreur
D’être seul parmi les ténèbres,
Abusé d’une vaine erreur,
Je me feins mille objets funèbres ;
Mon esprit en est suspendu,
Mon cœur en demeure éperdu,
Le sein me bat, le poil me dresse,
Mon corps est privé de soutien,
Et, dans la frayeur qui m’oppresse,
Je crois voir tout, pour ne voir rien.

Tantôt, délivré du tourment
De ces illusions nocturnes,
Je considère au firmament
L’aspect des flambeaux taciturnes ;
Et, voyant qu’en ces doux déserts
Les orgueilleux tyrans des airs
Ont apaisé leur insolence,
J’écoute, à demi transporté,