Page:Saint-Amant - 1907.djvu/56

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Le bruit des ailes du Silence,
Qui vole dans l’obscurité.

Trouvé-je au retour couvert mis,
J’entretiens mon Duc à la table,
En tant comme il me l’est permis,
De quelque propos délectable ;
Je le fais rire de ma peur,
Je lui dis quel spectre trompeur
J’ai cru s’être offert à ma vue,
Et, pour noyer tout mon souci,
Sur un grand verre je me rue,
Où le vin semble en rire aussi.

Là, suivant les sujets du temps,
Tantôt nous parlons de la digue
Où, vrai prophète, je m’attends
De voir crever la jeune Ligue ;
Tantôt, les cœurs tout réjouis,
Nous célébrons du grand Louis
L’heur, la prudence et le courage,
Et disons que le Cardinal
Est à la France dans l’orage
Ce qu’au navire est le fanal.

Tantôt, sur le bruit que l’Anglois
Une visite nous prépare,
Nous projetons tous les exploits
De quoy la Victoire se pare.