Page:Saint-Amant - 1907.djvu/58

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Tantôt, levé devant le jour,
Contre ma coutume ordinaire,
Pour voir recommencer le tour
Au céleste et grand luminaire,
Je l’observe au sortir des flots,
Sous qui la nuit, étant enclos,
Il sembloit être en sépulture ;
Et, voyant son premier rayon,
Bénis l’auteur de la nature,
Dont il est comme le crayon.

Ainsi, dis-je en le regardant,
Verra-t-on, quoi que l’oubli fasse,
Au point du dernier jour ardant*
Ressusciter l’humaine race ;
Ainsi, mais plus clair et plus beau,
Verra-t-on, comme ce flambeau,
Monter au ciel le corps du juste,
Après qu’avecque majesté,
Dieu, séant en son trône auguste,
L’aura par sa bouche arrêté ?

Lors, d’un souci grave et profond
Me ramassant tout en moi-même,
Comme on tient que nos esprits font
Pour faire quelque effort extrême,
L’immortelle et savante main
De ce fameux peintre romain*