Page:Saint-Amant - 1907.djvu/69

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Et triomphes de la pitié
Dessous ton orgueil étouffée,
Quoi ! tu ne veux pas revenir !
Et les ronces, en m’oyant plaindre,
Afin que je te pusse atteindre
Ont tâché de te retenir !

Dieux ! qui vit jamais telle chose !
On peut bien dire maintenant
Que l’épine en te retenant
A plus de douceur que la rose.
Je te compare à cette fleur
Par ta beauté qui lui ressemble
Bien qu’elles diffèrent d’ensemble
En la cause de la couleur.

Car cette agréable merveille,
Que Flore met à si haut prix,
De la piqûre de Cypris
Est devenue ainsi vermeille ;
Mais la rougeur de ton beau teint,
Où j’ai lu mon triste salaire,
Ne provient que de la colère
Dont au vif ton cœur est atteint.

Sylvie, en quoi t’ai-je offensée
Pour t’irriter comme tu fais ?
Le souvenir d’aucuns forfaits
Ne revient point dans ma pensée.