Page:Saint-Amant - 1907.djvu/79

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Mes doigts, suivant l’humeur de mon triste génie,
Font languir les accents et plaindre l’harmonie ;
Mille tons délicats, lamentables et clairs,
S'en vont à longs soupirs se perdre dans les airs
Et, tremblants au sortir de la corde animée,
Qui s’est dessous ma main au deuil accoutumée,
Il semble qu’à leur mort, d’une voix de douleur,
Ils chantent en pleurant ma vie et mon malheur…


LA PLUIE

A Monsieur Deslandes-Payen, conseiller en la
cour de Parlement de Paris.


Enfin, la haute Providence
Qui gouverne à son gré le temps,
Travaillant à notre abondance,
Rendra les laboureurs contents.
Sus, que tout le monde s’enfuie !
Je vois de loin venir la pluie,
Le ciel est noir de bout en bout,
Et ses influences bénignes
Vont tant verser d’eau sur les vignes,
Que nous n’en boirons point du tout.

L’ardeur grillait toutes les herbes,
Et tel les voyait consumer