Page:Saint-Amant - 1907.djvu/80

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Qui n’eût pas cru tirer des gerbes
Assez de grain pour en semer ;
Bref, la terre en cette contrée,
D’une béante soif outrée,
N’avait souffert rien de pareil
Depuis qu’une audace trop vaine
Porta le beau fils de Climène
Sur le brillant char du Soleil.

Mais les dieux, mettant bas les armes
Que leur font prendre nos péchés,
Veulent témoigner par des larmes
Que les nôtres les ont touchés.
Déjà l’humide Iris étale
Son beau demi-cercle d’opale
Dedans le vague champ de l’air,
Et, pressant mainte épaisse nue,
Fait obscurcir à sa venue
Le temps qui se montrait si clair.

Ces pauvres sources épuisées
Qui ne coulaient plus qu’en langueur,
En tressaillent comme fusées
D’une incomparable vigueur ;
Je pense, à les voir si hautaines,
Que les eaux de mille fontaines
Ont ramassé dedans ces lieux
Ce qui leur restait de puissance.