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Page:Saint-Amant - 1907.djvu/88

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     Et nourrit les yeux enchantés
     Des plus doux traits de la peinture,
     Nous voyons briller sur les fleurs
     Plutôt des perles que des pleurs
     Qui tombaient des yeux de l’Aurore,
Dont celle à qui Zéphire adresse tous ses vœux,
     Et que le beau printemps adore,
Se parait au matin la gorge et les cheveux.

     Entre les Ris et les Caresses,
     Les petits Amours éveillés
     Dansaient par ces champs émaillés
     Avec les Grâces, leurs maîtresses ;
     Et souvent, pour s’entre-baiser,
     Ils se venaient tous reposer
     Au milieu du sein de ma belle,
Faisant naître aussitôt mille divins appas,
     De qui la puissance était telle,
Qu’ils donnaient tout d’un coup la vie et le trépas.

     Tantôt nous voyons un Satyre,
     Assis à l’ombre d’un ormeau,
     Faire plaindre son chalumeau
     De son agréable martyre ;
     Tantôt, dans un bois écarté
     Où n’entre qu’un peu de clarté,
     Nous visitions la Solitude ;
Et, trouvant le Repos qui lui faisait la cour.