Page:Saint-Amant - 1907.djvu/89

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     Nous chassions toute inquiétude,
De peur de les troubler en leur paisible amour.

     Là, sous un myrte que les fées
     Respectent comme un arbre saint,
     Où Vénus elle-même a peint
     Ses mystères et ses trophées,
     Nous faisions des vœux solennels
     Que nos feux seraient éternels,
     Sans jamais amoindrir leur force ;
Puis, prêtant le serment au dieu notre vainqueur,
     Nous l’écrivions sur son écorce ;
Mais il était gravé bien mieux dans notre cœur.

     Tantôt, feignant un peu de crainte,
     Je disais à cette beauté,
     Pour sonder sa fidélité,
     Que son humeur était contrainte ;
     Tantôt, d’un visage mourant,
     Je lui tenais en soupirant
     Ces propos de glace et de flamme :
Oserai-je espérer, ô miracle des cieux !
     D’être aussi bien dedans ton âme
Comme en te regardant je me vois dans tes yeux ?

     Lors elle disait toute émue,
     En m’accusant de peu de foi :
     Lysis, ton image est en moi
     Bien plus avant que dans la vue,