Nos désirs, reprenant courage
Quand nos efforts s’alentissaient,
En toutes façons exerçaient
Les traits de l’amoureuse rage.
Cette bouillante passion
Portait avec tant d’action
Tous nos mouvements à la guerre,
Qu’à nous voir en ce point dans les jeux de Cypris
On eût dit que toute la terre
Etait d’un tel combat le sujet et le prix.
Cependant, en cette querelle,
Suffisait à nous contenter
Le lieu qu’elle daignait prêter
A nos corps étendus sur elle.
Nous l’estimions plus mille fois
Que tous les pays que nos rois
Ont eu sous leur obéissance,
Ni même que ces lieux pour qui ce grand démon
Qui détient l’or en sa puissance
Fit trouver aux nochers l’usage du timon.
Dieux ! quelle plume assez lascive,
Fût-ce de l’aile d’un moineau,
D’un combat si doux et si beau,
Décrirait l’ardeur excessive ?
Jamais, alors qu’à membres nus
Adonis embrassait Vénus,
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