CHAPITRE XXV.
DES LOIS DU COMMERCE
L’une des meilleures institutions de la France, c’est que les juges du commerce soient élus parmi les négociants ; cette loi met de la vertu dans un ordre qui ne connaît ordinairement que l’intérêt.
Celle qui laisse le commerce des Indes libre à tous les Français n’est pas moins admirable, elle encourage le commerce d’économie, si favorable aujourd’hui aux mœurs de la liberté ; elle ouvre une carrière à ceux que la vertu de l’État régénéré eût laissés oisifs.
La France a plus gagné en adoptant cette loi de Genève qui condamne les enfants à payer les dettes de leur père ou à vivre déshonorés, que si elle eut soumis cette république ; il vaut mieux conquérir des lois que des provinces.
Les jurandes peuvent être avantageuses pour le commerce, mais non pour des corps de métier ; elles forcent le négociant à se fixer, elles le rendent citoyen, au lieu qu’il ne serait qu’un avare vagabond ; elles font connaître la solidité de son crédit. Pour ce qui est de l’artisan, ses mœurs importent moins à la fortune publique, et s’il veut acquérir la confiance, il faut qu’il fixe son domicile.
CHAPITRE XXVI.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
L’Europe a une foule d’institutions très propres à favoriser la liberté, inconnues au monde ancien, parce qu’elles sont une source d’impôts indirects et de soulagements pour les tributs.
Les postes et les douanes pèsent peu sur le pauvre ; mais ce serait un malheur qu’elles fussent exclusives ; elles peuvent être une branche de l’industrie publique.
Les postes aux lettres tiennent aux principes de la constitution même ; la liberté doit assurer le secret des