Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, I, 1908.djvu/368

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affaires, ce qui n’arriverait pas toujours si les postes étaient l’objet de services particuliers.

L’enregistrement des actes est encore une ressource pour le Trésor qui n’épuise point la patrie ; je ne parle point de son autorité dans les contrats civils.

Le timbre est une escroquerie manifeste, il n’a ni but, ni morale, et n’a que le crédit d’un voleur armé.

Les aides tiennent aussi le frein des mœurs publiques ; elles auraient été très favorables à la politique de Mahomet, car il ne craignait que la licence, fatale à l’esclavage comme à la liberté ; toutefois le droit d’aide invariable serait un grand abus, dans les années où la récolte est abondante, l’impôt devenu trop modique n’arrête point la dissolution qu’amène le vin à vil prix ; dans les années de disette, l’impôt, quoiqu’il soit le même, devenu excessif, obsède les besoins.

Cette loi est bonne pour un tyran qui cherche peu que ses esclaves aient des mœurs, pourvu qu’il amasse, et dans un État où il est dangereux d’altérer l’impôt ; elle est mauvaise chez un peuple où la liberté ne doit souffrir ni superflu, ni privations, mais la juste abondance dans cette utile denrée.



CINQUIÈME PARTIE

Droits des gens

CHAPITRE PREMIER.

DE L’AMOUR DE LA PATRIE

Où il n’est point de lois, il n’est point de patrie, c’est pourquoi les peuples qui vivent sous le despotisme n’en ont point, si ce n’est qu’ils méprisent ou haïssent les autres nations.

Où il est des lois, il n’est quelquefois point de patrie, si ce n’est la fortune publique ; mais il en est une véritable qui est l’orgueil de la liberté et de la vertu ; c’est de son sein qu’on voit sortir ces hommes chez qui l’amour des lois