Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, I, 1908.djvu/380

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froissé de l’une, et opprime le second qu’il ne sert qu’à repousser.

Les législateurs de France ont imaginé le plus sage équilibre ; il ne faut pas confondre les administrations avec le prince, car alors l’on ne m’entendrait plus d’après ce que j’ai dit plus haut.

Partout où je tourne les yeux, je découvre des merveilles. Je m’étais réservé de dire encore un mot sur le droit de la guerre, tel que le législateur l’a déter­miné. La France renonce aux conquêtes. Elle verra bientôt accroître sa population et sa puissance. La guerre, dit le tyran, affaiblit un peuple trop vigoureux.

Une guerre offensive ne peut être entreprise que le peuple entier, fût-il aussi nombreux que les sables, ne l’ait consenti par tête ; car ici, outre la maturité d’une pareille entreprise, la liberté naturelle de l’homme serait violée dans la propriété de lui-même ; au contraire, dans la guerre défensive, il ne faut ni voter ni délibérer, mais vaincre ; celui qui refuserait son bras à la partie aurait commis un crime atroce, il aurait violé la sécurité du contrat. Chez un peuple immense, il faut renoncer à la guerre, ou il faut une métropole tyran­nique telle que Rome et Carthage ; quand Rousseau vante la liberté de Rome, il ne se souvient plus que l’univers est aux chaînes.

J’ai parlé du culte et du sacerdoce, je voulais parler plus tard de la religion des prêtres. On a fait un crime épouvantable aux législateurs de l’aliénation des biens de l’Église, on les accuse d’avoir méprisé l’anathème du dernier concile ; on ne peut nier que ce règlement n’ait été sage dans le temps, car il était propre à lier le trône et l’autel, inébranlables quand ils sont unis, et que l’ambition particulière sapait alors. Le siècle du concile de Trente fut celui des dissensions civiles ; les grands se disputaient l’empire, c’étaient des tyrans qu’il était bon de réprimer. L’Église était chaste encore ; aujourd’hui l’on a rendu la pudeur à une effrontée, et ce que n’auraient pu faire autrefois sans crime les particuliers du royaume qui voulaient s’élever, un peuple l’a pu faire pour être libre. Il n’est rien d’imprescriptible