Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, II, 1908.djvu/322

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Cette conduite devait faire paraître les partisans secrets de la tyrannie les meilleurs amis de la liberté, et leur concilier l’opinion de manière à ce que, le parti républicain étant renversé et la confiance sans bornes en eux, ils pussent tout tenter parmi l’enthousiasme qu’ils auraient inspiré.

Cette politique ne put résister à l’énergie des partisans de la République. Dumouriez, l’ami des rois et le chef de la faction d’Orléans ; Dumouriez qui ne s’était déclaré contre Lafayette que parce que celui-ci était l’homme de la cour ; Dumouriez qui voulait le bannissement du roi, mais non sa mort, pour lui substituer une autre dynastie ; Dumouriez, l’homme de d’Orléans et de Brissot, éclate. La politique de Brissot et ses complices est découverte ; c’était un roi de la famille d’Orléans que l’on avait voulu. Tout est rapproché, les liaisons sont découvertes, d’Orléans est exécuté, il est puni de ses prétentions criminelles. Mais les factions qui avaient ourdi son parti lui survivent ; elles survivent, les factions amies de Dumouriez : peuvent-elles aimer la République ? Non. N’espérez donc de paix dans l’État que lorsque le dernier partisan de d’Orléans, que lorsque la faction des indulgents qui protège l’aristocratie, que lorsque les derniers amis de Dumouriez et ceux qui ont trempé dans les trahisons sans être découverts jusqu’aujourd’hui, seront morts : tout cela compose la conjuration de l’étranger. Il a conspiré sans cesse su milieu de nous (depuis 5 ans), en corrompant les orateurs pour nous donner des conseils funestes que les circonstances amenées ne permettaient pas de combattre, en avilissant nos monnaies, en bouleversant nos colonies, en achetant les généraux et les pouvoirs, en détruisant notre commerce, en interceptant la circulation des denrées et en constituant chaque département, chaque district, chaque commune, chaque section même, en fédéralisme de fait et en autorité indépendante de la représentation nationale. Il a moins espéré de la force des armes que de l’imprévoyance des Français, et notre conduite n’a que trop justifié cet espoir.

Un régime nouveau s’établit difficilement, surtout dans