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Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, II, 1908.djvu/323

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un grand empire où la multiplicité des rouages, des rapports et des dangers fait que la plupart des abus échappent à la justice et résistent à la sagesse. Comment démêler les intrigues qui rompent tous les fils et confondent l’attention ? Comment faire écouter la voix tranquille du bon sens, au milieu des pièges qui lui sont tendus par l’esprit ?

Mais enfin les périls auxquels la liberté vient d’échapper, ont rendu les citoyens plus attentifs. Que le passé nous instruise. L’étranger n’a pas résolu sans doute de nous laisser en paix : c’est à nous de dévoiler tous les partis qu’il a formés, tous les partisans qui lui restent, et les trames qu’on a tissues : c’est avec les débris des factions échappées au supplice, qui craignent l’avenir, qu’on en créerait de nouvelles.

Les divisions de Mirabeau et des Lameth, qui étaient du même parti ; les divisions des Lameth et de Lafayette, qui soutenaient la royauté ; celles de Brissot et de d’Orléans, qui étaient secrètement amies ; tout nous convainc que l’étranger forma ou favorisa de tout temps divers partis pour ourdir les mêmes complots et pour les rendre inextricables.

Tout récemment Hébert, le partisan couvert de la royauté, déclamait contre les banques, et soupait tous les soirs chez les banquiers ; il parut l’ennemi déclaré de Chabot, et, le jour de l’arrestation de Chabot, Hébert et sa femme y devaient souper. Bien plus, pendant l’arrestation de Chabot, Hébert n’a cessé de déclamer contre lui, et il était son partisan.

Ronsin voyait les étrangers Frey, beaux-frères de Chabot. Le banquier Kock, Hollandais, avait été l’ami de Dumouriez et le confident de tous ses dessins ; il rédigeait le journal du Batave avec Clootz, qui aimait l’univers, excepté la France ; et jamais on ne se douta de ces points de contact entre Ronsin, Chabot, Hébert et Clootz, qui même semblaient divisés.

Il y eut une faction en 1790 pour mettre la couronne sur la tête de d’Orléans ; il y en eut une pour la maintenir sur la tête des Bourbons ; il y eut une autre faction pour mettre