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Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, II, 1908.djvu/324

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sur le trône de la France la maison d’Hanovre : ces factions furent renversées le 10 août avec la royauté. La terreur força à dissimuler plus profondément tous les conjurés secrets en faveur de la monarchie ; alors toutes ces factions prirent le masque du parti républicain. Brissot, la Gironde et Dumouriez continuèrent la faction d’Orléans ; Carra, la faction d’Hanovre ; Manuel, Lanjuinais et d’autres, le parti des Bourbons. Ces pars divers, qui avaient chacun un but politique, se confondaient dans la haine du parti républicain. Les périls unirent les premiers ; ils finirent par combattre tous ensemble pour la royauté, et périrent ensemble. L’étranger favorisa ces diverses factions ; il leur donna des armes dans la Vendée : avec elles il incendia les arsenaux ; par elles il disloqua l’empire et le fit tendre au fédéralisme, pour en réunir les débris sous le régime monarchique ; par elles il soutint Dumouriez ; par elles il a tout tenté pour vous détruire, pour renverser votre gouvernement, vous amollir et vous renouveler. L’étranger employa ces factions à tous les crimes par lesquels il prétendit à relever le trône, ou à nous empêcher de constituer la République.

Il y eut un autre parti qui se joua et fut de tous les autres, qui tantôt voulut usurper, tantôt fut royaliste, tantôt voulut des richesses, tantôt songea à se ménager une grande autorité quelque régime qu’il survînt, tantôt servit l’étranger : ce par, comme tous les autres, dénué de courage, conduit la Révolution comme une intrigue de théâtre.

Fabre-d’Églantine fut à la tête de ce parti ; il n’y fut point seul ; il fut le cardinal de Retz d’aujourd’hui : panégyriste de d’Orléans, il a été jusqu’au moment de sa détention, et même depuis, le continuateur de toutes les factions ; il usa de toutes les intrigues des autres pour intriguer par elles, les dénonçant pour ne point partager leurs périls et leurs imprudences ; les servant lorsqu’il était sûr de ne se point compromettre ; laborieux, parlant toujours aux autres le langage qui était dans leur cœur, avec un front péniblement sincère, et les conduisant par leur propre penchant ; cherchant soigneusement tout ce qui se passait