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Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, II, 1908.djvu/327

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un demi-siècle ; ils ne sont point usés ceux qui conspirent parmi nous depuis plusieurs années.

Le crime lasserait-il moins que la vertu ? Est-il une puissance au monde aussi sincère, aussi amie du peuple, aussi reconnaissante envers lui que vous l’avez été ? Est-il beaucoup de gouvernements dans l’histoire qui aient soutenu comme vous le poids de quinze armées, celui de tant de trahisons, celui d’un confinent entier devenu injustement l’ennemi du peuple français. Vous êtes usés ! et vous avez vaincu l’Europe, et vous avez douze cent mille combattants ! Vos ennemi ne sauraient payer trop cher votre destruction. Est-il rien de plus évident que la malignité et la trahison de ceux qui ont voulu renverser la liberté en vous renouvelant ? Le peuple français, partout vainqueur, ordonne à sa représentation de prendre place au premier rang des puissances humaines : c’est le peuple qu’on humilie en vous ; vous lui êtes comptables du dépôt sacré de sa grandeur. Le peuple a reconnu sa République ; sa volonté n’a pas besoin de sanction étrangère, et son mépris et la victoire est sa réponse à tous les tyrans, ou bien on sait ici mourir !

Les mêmes hommes qui s’étaient efforcés, dès le commencement de la Révolution, de la borner à un changement de dynastie, se retrouvent encore à la tête de ces factions dont le but était de vous immoler. C’est ici que la patience échappe au juste courroux de la vérité. Quoi ! quand toute l’Europe, excepté nous qui sommes aveugles, est convaincue que Lacroix et Danton ont stipulé pour la royauté ; quoi ! quand les renseignements pris sur Fabre-d’Églantine, le complice de Danton, ne laissent plus de doute sur sa trahison ; lorsque l’ambassadeur du peuple français en Suisse nous mande la consternation des émigrés depuis la mise en jugement de Fabre, l’ami de Danton, nos yeux refuseraient encore de s’ouvrir !

Danton, tu répondras à la justice inévitable, inflexible. Voyons ta conduite passée, et montrons que depuis le premier jour, complice de tous les attentats, tu fus toujours contraire au parti de la Liberté, et que tu