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Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, II, 1908.djvu/330

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conduite depuis a été celle de conjurés. Quand tu étais ministre, il s’agit d’envoyer un ambassadeur à Londres pour resserrer l’alliance des deux peuples : Noël, journaliste contre-révolutionnaire, fut offert par le ministre Lebrun ; tu ne t’y opposas point : on te le reprocha comme une faiblesse ; tu répondis : je sais que Noël ne vaut rien, mais je le fais accompagner par un de mes parents. Quelle a été la suite de cette ambassade criminelle ? la guerre concertée et les trahisons. Ce fut toi qui fis nommer Fabre et d’Orléans à l’assemblée électorale, où tu vantas le premier comme un homme très adroit, et où tu dis du second, que Prince du sang, sa présence au milieu des représentants du peuple, leur donnerait plus d’importance aux yeux de l’Europe. Chabot vota en faveur de Fabre et de d’Orléans. Tu enrichis Fabre pendant ton ministère. Fabre professait alors hautement le fédéralisme, et disait qu’on diviserait la France en quatre parties. Roland, partisan de la royauté, voulut passer la Loire pour chercher la Vendée : toi, rester à Paris où était d’Orléans, et où tu favorisais Dumouriez : il s’échappa au milieu d’une émeute concertée à Melun par tes émissaires, pour fouiller une voiture d’armes.

Malouet et l’évêque d’Autun étaient souvent chez toi : tu les favorisas.

Le parti de Brissot accusa Marat ; tu te déclaras son ennemi, tu t’isolas de la Montagne dans les dangers qu’elle courait. Tu te fis publiquement un mérite de n’avoir jamais dénoncé Gensonné, Guadet et Brissot, tu leur tendais sans cesse l’olivier, gage de ton alliance avec eux contre le peuple et les républicains sévères. La Gironde te fit une guerre feinte. Pour te forcer à te prononcer, elle te demanda des comptes : elle t’accusa d’ambition. Ton hypocrisie prévoyante concilia tout et sut se maintenir au milieu des partis, toujours prêt à dissimuler avec le plus fort, sans insulter au plus faible. Dans les débats orageux, on s’indignait de ton absence et de ton silence, toi, tu parlais de la campagne, des délices de la solitude et de la paresse, mais tu savais sortir de ton engourdissement pour défendre