Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, II, 1908.djvu/331

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Dumouriez, Westermann, sa créature vantée, et les généraux, ses complices. Tu envoyas Fabre en ambassade près de Dumouriez, sous prétexte, disais-tu, de le réconcilier avec Kellermann. Les traîtres n’étaient que trop unis pour notre malheur : dans toutes leurs lettres à la Convention, dans leurs discours à la barre, ils se traitaient d’amis, et tu étais le leur. Le résultat de l’ambassade de Fabre fut le salut de l’armée prussienne, à des conditions secrètes, que ta conduite expliqua depuis.

Dumouriez louait Fabre-Fond, frère de Fabre-d’Églantine : peut-on douter de votre concert criminel pour renverser la République ? Tu savais amortir le courroux des patriotes ; tu faisais envisager nos malheurs comme résultant de la faiblesse de nos armées, et tu détournais l’attention de la perfidie des généraux, pour t’occuper de nouvelles levées d’hommes.

Tu t’associas dans tes crimes Lacroix, conspirateur, depuis longtemps décrié, avec l’âme impure duquel on ne peut être uni que par le nœud qui associe des conjurés. Lacroix fut de tout temps plus que suspect : hypocrite et perfide, il n’a jamais parlé de bonne foi dans cette enceinte, il eut l’audace de louer Miranda, il eut celle de proposer le renouvellement de la Convention, il tint la même conduite que toi avec Dumouriez, votre agitation était la même pour cacher les mêmes forfaits : Lacroix a témoigné souvent sa haine pour les Jacobins.

D’où vient le faste qui l’entoure ? Mais pourquoi rappeler tant d’horreurs, lorsque votre complicité manifeste avec d’Orléans et Dumouriez dans la Belgique suffit à la justice pour vous frapper ?

Danton, tu eus, après le 10 août, une conférence avec Dumouriez, où vous vous jurâtes une amitié à toute épreuve, et où vous unités votre fortune. Tu as justifié depuis, cet affreux concordat, et tu es encore son ami au moment où je parle. C’est toi qui, au retour de la Belgique, osas parler des vices et des crimes de Dumouriez, avec la même admiration qu’on eût parlé des vertus de Caton. Tu t’es efforcé de corrompre la morale publique, en te rendant, dans plusieurs occasions, l’apologiste des hommes corrompus, tes com-