Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, II, 1908.djvu/332

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plices. C’est toi qui, le premier, dans un cercle de patriotes que tu voulais surprendre, proposas le bannissement de Capet : proposition que tu n’osas plus soutenir à ton retour, parce qu’elle était abattue, et qu’elle t’eût perdu. Dumouriez, qui s’était rendu à Paris vers ce même temps, dans le dessein d’influencer le jugement du tyran, n’osa point résister lui-même au cri de la justice publique qui envoya le tyran à la mort. Quelle conduite tins-tu dans le comité de défense générale ? Tu y recevais les compliments de Guadet et Brissot, et tu les leur rendais ; tu disais à Brissot : "vous avez de l’esprit, mais vous avez des prétentions".

Voilà ton indignation contre ces ennemis de la patrie ! Tu consentis à ce qu’on ne fit point part à la Convention de l’indépendance et de la trahison de Dumouriez, tu te trouvais dans des conciliabules avec Wimpfen et d’Orléans. Dans le même temps, tu te déclarais pour des principes modérés, et tes formes robustes semblaient déguiser la faiblesse de tes conseils, tu disais que des mesures sévères feraient trop d’ennemis à la République. Conciliateur banal, tous tes exordes à la tribune commençaient comme le tonnerre, et tu finissais par faire transiger la vérité et le mensonge.

Quelle proposition vigoureuse as-tu jamais faite contre Brissot et son parti dans la représentation nationale où je t’accuse ? A ton retour de Belgique, tu provoquas la levée en masse des patriotes de Paris pour marcher aux frontières. Si cela fût alors arrivé, qui aurait résisté à l’aristocratie qui avait tenté plusieurs soulèvements ? Brissot ne désirait point autre chose, et les patriotes mis en campagne n’auraient-ils pas été sacrifiés ? Ainsi se trouvait accompli le vœu de tous les tyrans du monde pour la destruction de Paris et de la liberté.

Tu provoquas une insurrection dans Paris, elle était concertée avec Dumouriez : tu annonças même que s’il fallait de l’argent pour la faire, tu avais la main dans les caisses de la Belgique. Dumouriez voulait une révolte dans Paris, pour avoir un prétexte de marcher contre cette ville de la liberté, sous un titre moins défavorable que celui de