Aller au contenu

Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, II, 1908.djvu/333

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

rebelle et de royaliste. Toi qui restais à Arcis-sur-Aube avant le 9 août, opposant ta paresse à l’insurrection nécessaire, tu avais retrouvé ta chaleur au mois de mars pour servir Dumouriez, et lui fournir un prétexte honorable de marcher sur Paris.

Desfieux, reconnu royaliste et du parti de l’étranger, donna le signal de cette fausse insurrection. Le 15 mars un attroupement se porta aux Cordeliers, de là à la Commune : on lui demanda de se mettre à sa tête, elle s’y refusa. Fabre alors s’agitait beaucoup : le mouvement dit-il à un député, a été aussi loin qu’il le fallait.

Le but de Dumouriez se trouva rempli : il fit de ce mouvement la base de son manifeste séditieux, et des lettres insolentes qu’il écrivit à la Convention.

Desfieux, tout en déclamant contre Brissot reçut de Lebrun, complice de Brissot, une somme d’argent pour envoyer, dans le Midi, des adresses véhémentes ou la Gronde était improuvée, mais qui tendaient à justifier la révolte projetée des fédéralistes. Desfieux fit arrêter ses propres courriers à Bordeaux : ce qui donna lieu à Gensonné de dénoncer la Montagne, et à Guadet de déclamer contre Paris. Desfieux déposa depuis en faveur de Brissot au tribunal révolutionnaire. Mais Danton, quelle contradiction entre cette mesure extrême et dangereuse que tu proposas, et la modération qui te fit demander une amnistie pour tous les coupables, qui te fit excuser Dumouriez, et te fit, dans le comité de sûreté générale, appuyer la proposition faite par Guadet d’envoyer Gensonné vers le général traître ? Pourrais-tu être aveugle à ce point sur l’intérêt public ? oserait-on te reprocher de manquer de discernement ? Tu t’accommodais à tout : Brissot et ses complices sortaient toujours contents d’avec toi. A la tribune, quand ton silence était accusé, tu leur donnais des avis salutaires pour qu’ils dissimulassent davantage ; tu les menaçais sans indignation, mais avec une bonté paternelle, et tu leur donnais plutôt des conseils pour corrompre la liberté, pour se sauver, pour mieux nous tromper, que tu n’en donnais au parti républicain pour les perdre.

La haine, disais-tu, est insupportable à mon cœur et tu nous avais dit : je n’aime point