Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, II, 1908.djvu/341

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

perdre faveur et le parti arriver au degré d’influence nécessaire, ce serait Danton qui montrerait au peuple cet enfant. Dans ce temps, Danton dîna souvent, rue Grange-Batelière, avec des Anglais ; il dînait avec Guzman, espagnol, trois fois par semaine, et avec l’infâme Saint-Amaranthe, le fils de Sartine, et Lacroix. C’est là que se sont faits quelques-uns des repas à cent écus par tête. Il est clair que le parti qui voulait établir prématurément la constitution, celui qui attaquait le gouvernement, celui qui attaquait la Convention, celui qui corrompait, celui qui voulait un comité de clémence, avaient tous pour objet d’amener le dégoût du régime présent, et il est évident que la royauté était celui qu’on y voulait substituer.

Qu’on examine maintenant la conduite de tous ceux dont j’ai parlé, leurs liaisons, leurs excuses toujours prêtes en faveur des hommes tarés, on reconnaît à des signes certains le parti opposé à la révolution, et qui dissimula toujours. Que ceux dont j’ai parlé nous disent d’où vient leur fortune, que Lacroix dise pourquoi l’été dernier il faisait acheter de l’or par un banquier.

Ceux qui depuis quatre ans ont conspiré sous le voile du patriotisme, aujourd’hui que la justice les menace, répètent ce mot de Vergniaud : la Révolution est comme Saturne, elle dévorera tous ses enfants. Hébert répétait ce mot pendant son procès ; il est répété par tous ceux qui tremblent et qui se voient démasqués. Non, la Révolution ne dévorera pas ses enfants, mais ses ennemis, de quelque masque impénétrable qu’ils se soient couverts ! Les conjurés qui ont péri étaient-ils les enfants de la liberté, parce qu’ils leur ressemblèrent un moment ?

La Révolution dévorera jusqu’au dernier ami de la tyrannie, il ne périra pas un véritable patriote par la justice : elle n’immolera que les factions criminelles. Citoyens, elles méditent chaque jour votre perte : tous les fripons se rallient à elles. Elles s’attendaient depuis quelques jours à être démasquées. Danton, Lacroix disaient : "Préparons-nous à nous défendre". Ainsi Hébert,